- tourbe
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• 1200; frq. °turba;cf. turf♦ Matière spongieuse et légère, qui résulte de la décomposition de végétaux à l'abri de l'air, et utilisée comme combustible (médiocre). ⇒ 1. bousin. Tourbe mousseuse, superficielle, à filaments végétaux. Tourbe feuilletée. Tourbe compacte ou noire. Feu de tourbe. — Tourbe limoneuse, formant une boue noirâtre que l'on extrait à la drague.tourben. f.d1./d Combustible noirâtre, souvent spongieux, au faible pouvoir calorifique, constitué de végétaux plus ou moins décomposés et qui se forme dans les tourbières.d2./d (Québec) Motte de gazon.|| Par ext. (Emploi critiqué.) Plaque de terre couverte de gazon, vendue en rouleaux.I.⇒TOURBE1, subst. fém.Péj., vx ou littér.A. — Ensemble de personnes de basse extraction, jugées méprisables. Synon. populace. Pour avoir de l'influence, il faut arborer un drapeau et être dogmatique. Allons, tant mieux pour ceux qui en ont le cœur. Moi, j'aime mieux caresser ma petite pensée et ne pas mentir. Que si, par un retour qui n'est pas sans exemple, une telle manière devient influente, c'est bon; on viendra à moi, mais je ne me mêlerai pas à ces tourbes (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 409). V. floueur B ex. de Faral.B. — Grand nombre de personnes jugées sans intérêt. Il est insipide de se réveiller chaque matin en butte aux petites attaques d'une tourbe d'en-nemis (HUGO, Lettres fiancée, 1821, p. 76). Je ne crains pas de m'avancer en déclarant que, parmi l'immense tourbe des exposants de notre époque, M. Raffaëlli est un des rares qui restera (HUYSMANS, Art mod., 1883, p. 270).Prononc. et Orth.:[
]. Homon. et homogr. tourbe2. Att. ds Ac. dep. 1694. (1718, 1740: tourbes, subst. fém. plur. « Enquête par tourbes »). Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « foule » (Alexis, éd. Chr. Storey, 513: Par mi les rues an venent si granz turbes); 2. 1580 « ramassis de gens méprisables, vils » (MONTAIGNE, Essais, I, 42, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 260). Du lat. turba « trouble d'une foule en désordre, mêlée; foule en désordre, multitude ». Bbg. GOHIN 1903, p. 319. — GOUGENHEIM (G.). Qq. faits d'étymol. seconde. B. jeunes Rom. 1961, n° 4, pp. 4-5.
II.⇒TOURBE2, subst. fém.Combustible fossile d'aspect noirâtre, de consistance spongieuse, à faible pouvoir calorifique, formé par la décomposition partielle de certains végétaux (p. ex. mousses, sphaignes, joncs). Jeter l'opulence au milieu d'une famille réunie le soir à la lueur d'une mauvaise lampe, devant un feu de tourbe... Non, la parole est au-dessous d'une telle scène (BALZAC, Mme Firmiani, 1832, p. 7). C'est même alors que je lui ai parlé de la jambe de bois; — parce qu'elle piquait dans la tourbe; je lui faisais observer que je ne pourrais jamais courir assez vite; ce terrain, disais-je, est horriblement élastique! (GIDE, Paludes, 1895, p. 127).— En appos. avec valeur d'adj. Et Max de nous parler du Padishah, un vieillard au teint cireux, au nez aquilin, aux longues moustaches grises, aux yeux clignotants, chagrin et voûté, toujours engoncé dans un gros pardessus couleur tourbe quand il se promenait dans les jardins du Vieux-Sérail (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 225).Prononc. et Orth.:[]. Homon. et homogr. tourbe1. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. [1200 (doc. ds TAILLIAR, Rec. d'actes des XIIe et XIIIe s. en lang. rom. wall., p. 8)] 1285 (Arch. Nord, B 1586, fol. 223 ds IGLF: torbe). Du frq.
, cf. l'all. Torf « id. »; corresp. à l'a. nord. torfa « motte de gazon », v. aussi turf.
STAT. — Tourbe1 et 2. Fréq. abs. littér.:208. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 239, b) 373; XXe s.: a) 438, b) 216.DÉR. 1. Tourber, verbe intrans. Extraire la tourbe. L'industriel qui désire procéder à l'exploitation d'une tourbière, soit qu'elle lui appartienne, soit qu'il ait acquis le droit de tourber sur celle-ci, doit en faire la déclaration au sous-préfet (F. DE NOUVION, L'Exploitation des tourbières, Paris, Albin Michel, 1944, p. 377). — [], (il) tourbe [
]. — 1re attest. 1295 [ms.] « extraire la tourbe » (Cartul. de Corbie, ms. B.N. lat. 17758, fol. 36 v° ds GDF. Compl.); de tourbe2, dés. -er. 2. Tourbier, -ière, subst. et adj. a) Subst. Personne exploitant une tourbière; ouvrier, ouvrière qui procède à l'extraction et à la préparation de la tourbe. Une obligation générale à tous les tourbiers est de payer patente, à moins, toutefois que le produit de son exploitation ne soit destiné à son seul usage (loi du 15 juillet 1880) même s'il exploite son propre fonds (F. DE NOUVION, L'Exploitation des tourbières, Paris, Albin Michel, 1944, p. 377). b) Adj. Qui renferme de la tourbe. Synon. tourbeux. Terrain tourbier. (Dict. XIXe et XXe s.). — [
], fém. [-
]. — 1res attest. a) fin du XIIIe s. subst. « ouvrier qui travaille à l'extraction, à la préparation de la tourbe » (doc. ds GIRY, Hist. de la ville de Saint Omer, p. 512), b) 1832 adj. terrain tourbier (RAYMOND); de tourbe2, suff. -ier.
BBG. — TRIER (J.). Wege der Etymologie... Berlin, 1981, p. 73 (s.v. tourbier).1. tourbe [tuʀb] n. f.ÉTYM. 1580; v. 1050, torbe, a signifié « foule » jusqu'au XVIe (→ Émeute, cit. 2, Ronsard); du lat. turba.❖2 Littér. Ramassis (de gens méprisables, vils). || Une tourbe de petits arrivistes (cit. 2). || « La tourbe vulgaire des soi-disans grands et des soi-disans sages » (Rousseau, les Confessions, VIII).1 Lorsque Bonaparte traversait le palais de Dresde (…) la tourbe des princes venait pêle-mêle derrière, dans un respectueux silence.Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 193.♦ Par métaphore :2 Les passions, hélas ! tourbe un jour accourue,Pour visiter mon âme ont monté de la rue (…)Hugo, les Chants du crépuscule, XXXII, II.REM. 1. Sous l'influence de 2. tourbe, ce mot a pris un sens voisin de lie, limon, au fig. (la lie, le limon de la terre…).2. Les emplois relativement récents du sens 1 paraissent plutôt métaphoriques.3 Je me figurais au milieu d'une foule turbulente, grossièrement ambitieuse, et moi, au milieu, simple et timide; et il fallait se mêler à cette tourbe.Renan, Souvenirs d'enfance…, Appendice, Œ. compl., t. II, p. 921.————————2. tourbe [tuʀb] n. f.ÉTYM. 1200; du francique turba, comme l'all. Torf. → aussi Turf.❖♦ Matière combustible spongieuse et légère qui résulte de la décomposition à l'abri de l'air de certains végétaux (une mousse, la sphaigne — tourbières bombées; ou une autre mousse — hypnum — et des joncs — tourbières plates). ⇒ Tourbière; charbon (fossile). → Houille, cit. 3. || Tourbe et lignite. || Tourbe mousseuse, superficielle, à filaments végétaux apparents. || Tourbe feuilletée; compacte ou noire, qui ne laisse pas reconnaître les espèces végétales dont elle est formée. || Extraction de la tourbe au louchet (→ Tireur, cit. 1), en mottes moulées en briques. || Tourbe limoneuse, formant une boue noirâtre que l'on extrait à la drague. || Teneur en carbone d'une tourbe. || Feu de tourbe, brûler de la tourbe (→ Stagner, cit. 2). — Gisement de tourbe. ⇒ Tourbière, 2. || Exploitation de la tourbe. ⇒ Tourbage. || Centrale thermique à la tourbe, en Irlande.0 La tourbe, formée dans les marais sur terrains siliceux, principalement par l'accumulation des débris de Sphaignes et de Cypéracées, constitue (…) un humus acide (…) très riche en carbone.E. de Martonne, Traité de Géographie physique, t. III, p. 1171.➪ tableau Classes de roches.❖DÉR. Tourber, tourbeux, tourbier, tourbière.
Encyclopédie Universelle. 2012.